Le long mĂ©trage « Donne-moi des ailes » de Nicolas Vanier, sorti en 2019, a connu un beau succĂšs en salles, avec 1,5 million dâentrĂ©es. Ce film, qui se voulait un hymne Ă la nature et Ă la protection des oiseaux migrateurs, nâa pourtant pas convaincu tout le monde. Radar Film, sa sociĂ©tĂ© de production, vient dâĂȘtre condamnĂ©e pour un incident grave survenu pendant le tournage, en Camargue gardoise, en 2018 : la destruction de 520 Ćufs de flamants roses, une espĂšce protĂ©gĂ©e.
đŠ© Une zone Natura 2000 mise en pĂ©ril
Câest au cĆur dâune zone Natura 2000, classĂ©e pour sa richesse Ă©cologique et ses espĂšces menacĂ©es, que lâaffaire a Ă©clatĂ©. Ce site est le seul lieu de nidification des flamants roses en France. Pourtant, les 6 et 7 juin 2018, deux ULM affrĂ©tĂ©s par la production ont survolĂ© Ă trĂšs basse altitude une colonie dâenviron 8 000 flamants, alors en pleine pĂ©riode de couvaison.
Pris de panique, les oiseaux se sont envolĂ©s en masse, abĂźmant leurs nids dans leur fuite et abandonnant leurs Ćufs. RĂ©sultat : environ 520 Ćufs dĂ©truits, soit prĂšs de 11,5 % de la reproduction annuelle nationale pour cette espĂšce emblĂ©matique de la rĂ©gion.
âïž Une condamnation exemplaire
Le tribunal correctionnel de NĂźmes a rendu son verdict ce vendredi. Radar Film a Ă©tĂ© reconnue coupable de « destruction non autorisĂ©e dâĆufs ou de nids dâune espĂšce protĂ©gĂ©e », et condamnĂ©e Ă 50 000 euros dâamende, dont une partie avec sursis. Ă cela sâajoute une amende de 2 000 euros pour « perturbation volontaire » et « atteinte Ă la conservation » des flamants roses.
Ce jugement envoie un signal fort : filmer la nature nâautorise pas Ă lâendommager, mĂȘme lorsque le message du film se veut Ă©cologique.
đŹ Entre message Ă©colo et pratiques contestĂ©es
Lâironie de lâaffaire est difficile Ă ignorer. « Donne-moi des ailes » raconte lâhistoire dâun adolescent qui se rapproche de son pĂšre grĂące Ă une mission de protection des oies sauvages. Le film, largement applaudi pour ses visuels saisissants, se voulait une ode Ă la biodiversitĂ©. Mais les consĂ©quences de son tournage laissent un arriĂšre-goĂ»t amer.
Cette condamnation rappelle que la rĂ©alisation de films dans des espaces sensibles exige un encadrement strict, un respect absolu de la faune, et une coordination Ă©troite avec les autoritĂ©s environnementales. Ce nâest quâĂ ces conditions que lâart peut vraiment servir la nature, et non lâinverse.
đ Ă retenir :
- 520 Ćufs de flamants roses dĂ©truits pendant le tournage en Camargue en 2018.
- Radar Film condamnĂ©e Ă 52 000 ⏠dâamende pour atteinte Ă une espĂšce protĂ©gĂ©e.
- Un épisode qui met en lumiÚre la nécessité de concilier création artistique et protection environnementale.