Le 24 septembre 2025, le procureur gĂ©nĂ©ral dâAix-en-Provence, Franck Rastoul, a lancĂ© une rĂ©flexion percutante sur la violence domestique en lien avec la maltraitance animale. En dĂ©clarant « Qui bat son chien bat sa femme, qui bat sa femme bat son chien », il a mis en lumiĂšre un phĂ©nomĂšne prĂ©occupant : la maltraitance des animaux dans les foyers est souvent le signe dâune violence plus large qui touche aussi les ĂȘtres humains. Un constat grave qui a conduit la cour d’appel d’Aix-en-Provence Ă prendre des mesures concrĂštes pour amĂ©liorer la prise en charge des animaux maltraitĂ©s et lutter contre les violences familiales.
đ¶ Les animaux, victimes collatĂ©rales des violences familiales
La maltraitance animale est souvent utilisĂ©e par les agresseurs comme un moyen de domination ou de punition au sein dâun foyer. Que ce soit pour atteindre un partenaire ou pour exercer un contrĂŽle, les animaux sont frĂ©quemment victimes de violence psychologique et physique. Le procureur Franck Rastoul a citĂ© plusieurs cas extrĂȘmes oĂč des animaux ont Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment maltraitĂ©s pour faire souffrir une personne : « Envoyer un homme de main pour immoler le cheval de sa compagne » ou « mettre Ă mort le chien de sa compagne en filmant la scĂšne ». Ces exemples, bien que rares, illustrent la cruautĂ© de certains actes et la maniĂšre dont les animaux sont pris en otages dans des conflits familiaux.
Les enquĂȘteurs de la cour dâappel dâAix-en-Provence se sont donc engagĂ©s Ă systĂ©matiser l’examen des animaux maltraitĂ©s lorsquâils interviennent dans un foyer, afin de repĂ©rer les violences familiales sous-jacentes. Selon eux, la maltraitance animale est trop souvent le reflet dâune violence plus large, notamment contre les enfants ou les partenaires.
đ± Le rĂŽle des refuges et des associations dans la protection des animaux
Afin dâapporter une rĂ©ponse concrĂšte aux victimes qui souhaitent fuir un foyer violent sans abandonner leur compagnon Ă quatre pattes, la cour dâappel a signĂ© un partenariat avec plusieurs associations et refuges pour accueillir en urgence les animaux maltraitĂ©s. Cette initiative est essentielle car elle permet aux victimes de sâĂ©chapper plus facilement de situations dangereuses tout en garantissant que leurs animaux reçoivent les soins nĂ©cessaires et ne soient pas laissĂ©s dans des conditions inacceptables.
Sabine Fghoul, prĂ©sidente de la ConfĂ©dĂ©ration nationale de dĂ©fense des animaux (CNDA), a Ă©voquĂ© lâun de ces cas oĂč, en se rendant chez une dame pour un chat maltraitĂ©, elle a dĂ©couvert un enfant en dĂ©tresse. Ce genre de situation souligne lâimportance de lier la maltraitance animale Ă une enquĂȘte plus large sur les victimes humaines. Les enquĂȘteurs doivent maintenant systĂ©matiquement vĂ©rifier la situation de tous les occupants humains et animaux dans un foyer, afin de dĂ©tecter toute forme de maltraitance.
đŸ Les animaux et lâeffet miroir des violences domestiques
Il est dĂ©sormais prouvĂ© que la maltraitance animale nâest pas seulement un crime isolĂ©, mais quâelle peut souvent signaler des violences domestiques. Le porte-parole de la Fondation 30 Millions dâAmis, Christophe Marie, a soulignĂ© que les violences exercĂ©es sur les animaux sont parfois des actes de vengeance ou de manipulation au sein des relations conflictuelles. Les agresseurs utilisent souvent lâanimal pour puni ou humilier leur partenaire, ou encore pour exercer un contrĂŽle psychologique. Un exemple frappant mentionnĂ© par Christophe Marie est celui d’un teckel dont le dos a Ă©tĂ© cassĂ© par un homme cherchant Ă se venger de sa compagne.
Ces actes de violence envers les animaux sont donc souvent des indicateurs prĂ©coces de violence plus grave envers les humains, ce qui justifie une prise en charge intĂ©grĂ©e de la maltraitance animale dans le cadre des enquĂȘtes sur les violences domestiques.
âïž Les avancĂ©es lĂ©gislatives : une reconnaissance croissante de la maltraitance animale
Depuis novembre 2021, une loi importante oblige les autoritĂ©s Ă mener une enquĂȘte systĂ©matique lorsque des violences sur un animal de compagnie sont signalĂ©es dans un foyer oĂč des mineurs vivent. Cette loi a pour objectif de vĂ©rifier si les enfants sont Ă©galement en danger et dâintervenir rapidement. Cette mesure est dâautant plus cruciale que les violences sur les animaux domestiques sont en forte augmentation. Le dernier rapport du ministĂšre de l’IntĂ©rieur sur le sujet fait Ă©tat dâune hausse de 30 % des atteintes aux animaux domestiques entre 2016 et 2021.
Les données collectées montrent que les violences physiques représentent 38 % des maltraitances, tandis que les mauvaises conditions de vie (insalubrité, négligence) touchent 12 % des animaux, et les abandons représentent 8 %. Les chats sont les plus souvent victimes de violences physiques (50 %), tandis que les chiens sont principalement exposés à de mauvaises conditions de vie (plus de 75 % des cas).
đĄ Un appel Ă une mobilisation accrue pour la protection des animaux et des victimes humaines
Christophe Marie, porte-parole de la Fondation de 30 Millions dâAmis, a Ă©galement lancĂ© un appel au ministĂšre de la Justice pour intensifier la mobilisation des parquets face Ă la maltraitance animale et renforcer lâattention portĂ©e aux effets miroirs des violences domestiques. Si des actes de cruautĂ© sont commis sur des animaux, une enquĂȘte doit toujours ĂȘtre menĂ©e pour sâassurer que les membres humains du foyer, particuliĂšrement les mineurs, ne sont pas en danger. Lâobjectif est de prĂ©venir et de protĂ©ger les victimes humaines et animales avant quâil ne soit trop tard.
đŸ La collaboration entre justice, associations et refuges : une rĂ©ponse globale contre les violences familiales
Le partenariat signĂ© entre la cour dâappel dâAix-en-Provence, les procureurs du sud-est de la France et les associations de protection animale reprĂ©sente un pas en avant dans la lutte contre les violences familiales. En prenant en compte la maltraitance animale comme un indicateur de violence domestique, ce dispositif permet une rĂ©ponse globale qui protĂšge Ă la fois les animaux et les humains.
Les associations et refuges jouent un rĂŽle clĂ© en permettant aux victimes de fuir des foyers violents sans avoir Ă abandonner leurs animaux, un point crucial pour beaucoup dâentre elles. De plus, cette initiative offre une protection immĂ©diate aux animaux maltraitĂ©s, tout en permettant aux enquĂȘteurs de mieux identifier et intervenir dans des situations de violence familiale plus larges.
đ Conclusion : Une avancĂ©e essentielle pour les victimes de violence domestique
Les animaux maltraitĂ©s ne sont pas que des victimes isolĂ©es : ils sont souvent les tĂ©moins silencieux de violences humaines plus larges. GrĂące Ă lâinitiative prise par la cour dâappel dâAix-en-Provence et Ă lâimplication des associations de dĂ©fense des animaux, les autoritĂ©s judiciaires peuvent dĂ©sormais dĂ©tecter plus efficacement les violences familiales et protĂ©ger Ă la fois les animaux et les victimes humaines. Cette nouvelle approche pourrait bien ĂȘtre un modĂšle pour dâautres rĂ©gions et contribuer Ă mettre en lumiĂšre un aspect souvent nĂ©gligĂ© des violences domestiques.
Lâimportance de cette mobilisation collective est cruciale, car chaque signalement dâanimal maltraitĂ© pourrait bien ĂȘtre la clĂ© pour sauver une vie humaine. Lorsque les animaux souffrent, les humains sont souvent eux aussi en danger.
Et vous, que pensez-vous de cette initiative ? Avez-vous des exemples de cas oĂč la maltraitance animale a permis de dĂ©tecter des violences humaines ?