Et si nos cousins primates étaient capables de se comprendre émotionnellement, un peu comme nous ? C’est la question que se sont posée Luca Pedruzzi et Alban Lemasson, deux chercheurs en éthologie à l’Université de Rennes 1. En étudiant une espèce de singes vivant dans les hautes montagnes d’Éthiopie, ils ont mis en lumière des signes clairs d’empathie et de communication émotionnelle entre individus.
Des singes pas comme les autres : les géladas
Leur terrain d’observation ? Les géladas, une espèce de singe endémique d’Éthiopie, connue pour son comportement social très développé. Ces primates, proches des babouins, vivent en grandes communautés dans les hauts plateaux, où les liens sociaux sont essentiels à la survie.
Les géladas sont aussi reconnus pour leurs vocalisations complexes, mais ce sont leurs interactions non verbales qui ont retenu l’attention des deux chercheurs.
L’observation qui change tout : des gestes qui révèlent l’émotion
Pendant plusieurs mois, Pedruzzi et Lemasson ont filmé et analysé des scènes de communication entre les individus. L’une de leurs découvertes les plus marquantes : des singes qui imitent les expressions faciales de leurs congénères, notamment lors des moments de jeu ou d’interaction sociale.
Ce comportement, appelé « mimétisme facial rapide », est très rare dans le règne animal. Chez l’humain, il est considéré comme une manifestation d’empathie automatique : lorsqu’on voit quelqu’un sourire ou pleurer, on reproduit inconsciemment son expression, signe qu’on « ressent » avec lui.
Une capacité émotionnelle partagée ?
Ces observations suggèrent que les géladas seraient capables de percevoir et de répondre aux émotions de leurs pairs, non pas de manière mécanique, mais avec une vraie sensibilité sociale. Une forme d’intelligence émotionnelle qui remet en question la frontière que l’on établit souvent entre « l’homme » et « l’animal ».
« Ces comportements ne servent pas uniquement à maintenir la cohésion sociale, ils montrent que ces singes sont capables d’une forme d’attunement émotionnel que l’on croyait réservée aux humains et à quelques espèces très évoluées comme les dauphins ou les grands singes », explique Luca Pedruzzi.
Pourquoi c’est important ?
Les travaux de Pedruzzi et Lemasson sont précieux pour plusieurs raisons :
- Ils renforcent l’idée que l’empathie n’est pas propre à l’humain.
- Ils ouvrent des pistes pour mieux comprendre l’évolution des émotions et de la communication sociale.
- Ils rappellent que la richesse du monde animal ne se limite pas à l’instinct : elle inclut des liens affectifs, des codes sociaux, et même de la compassion.
Une science au service de la protection animale
Comprendre les émotions animales, c’est aussi un levier pour mieux les protéger. Reconnaître qu’un singe, un chien ou un cochon peut ressentir de l’empathie, c’est admettre qu’il mérite d’être traité avec respect et dignité.
💬 Et vous, avez-vous déjà observé des signes d’empathie entre animaux ? Dites-le-nous en commentaire !