Une mobilisation musclĂ©e sâest tenue lundi 3 novembre dans les PyrĂ©nĂ©es-Orientales. En cause : la dĂ©cision des autoritĂ©s dâabattre des milliers de bovins pour tenter de contenir la dermatose nodulaire contagieuse, une maladie virale qui frappe les troupeaux depuis le mois de juin.
â ïž Une Ă©pizootie qui sĂšme la dĂ©tresse dans les campagnes
Depuis lâapparition de la maladie, prĂšs de 2 700 bovins ont Ă©tĂ© abattus en France, dont 250 rien que dans les PyrĂ©nĂ©es-Orientales.
Un chiffre qui suscite la colÚre et le désarroi du monde agricole.
« Câest un grand dĂ©sespoir pour des fermes qui respectent lâenvironnement. Elles ont tout pour prospĂ©rer. On est abattus », tĂ©moigne Pierre RĂ©gnĂ©, Ă©leveur et syndicaliste audois.
DerriĂšre les chiffres, il y a des annĂ©es de travail, des lignĂ©es dâanimaux sĂ©lectionnĂ©es avec soin, et surtout un attachement profond Ă ces bĂȘtes. Pour beaucoup dâĂ©leveurs, voir partir leurs troupeaux est un vĂ©ritable drame moral et Ă©conomique.
đŠ La dermatose nodulaire contagieuse, une maladie redoutĂ©e
Originaire dâAfrique, la dermatose nodulaire contagieuse est une maladie virale transmise principalement par les insectes piqueurs. Elle provoque des nodules sur la peau, de la fiĂšvre, une perte de poids et peut entraĂźner des complications graves.
Bien que la maladie nâaffecte pas lâĂȘtre humain, elle se propage trĂšs vite entre les bovins, rendant les foyers difficiles Ă maĂźtriser.
Face Ă cette menace, les services vĂ©tĂ©rinaires de lâĂtat appliquent une stratĂ©gie stricte :
- abattage préventif des animaux infectés ou exposés,
- restrictions de déplacement des troupeaux,
- et campagne de vaccination à grande échelle.
𧏠Une stratégie jugée nécessaire⊠mais douloureuse
Pour les autoritĂ©s sanitaires, lâabattage reste la seule mesure efficace pour stopper la propagation rapide du virus.
Mais sur le terrain, les Ă©leveurs dĂ©noncent une politique trop radicale, qui sacrifie des animaux parfois sains et menace lâĂ©quilibre Ă©conomique de leurs exploitations.
« Nous comprenons la nécessité de protéger les cheptels, mais il faut aussi écouter la détresse des éleveurs », plaide un représentant syndical local.
Les agriculteurs demandent plus de transparence, dâaccompagnement financier, et une rĂ©flexion sur des alternatives moins destructrices Ă long terme.
đż Un enjeu sanitaire et moral
La situation illustre le dĂ©licat Ă©quilibre entre santĂ© animale, Ă©conomie et bien-ĂȘtre des Ă©leveurs.
Si la lutte contre la maladie est prioritaire pour éviter une catastrophe sanitaire, elle ne doit pas occulter la souffrance humaine et émotionnelle qui accompagne ces mesures.
Dans les PyrĂ©nĂ©es-Orientales, la mobilisation de ce dĂ©but novembre tĂ©moigne dâun appel Ă la solidaritĂ© : celui dâhommes et de femmes qui refusent de voir disparaĂźtre leurs animaux et leur mĂ©tier dans le silence.
đïž Et aprĂšs ?
Les autoritĂ©s misent dĂ©sormais sur la vaccination et la surveillance renforcĂ©e pour contenir la dermatose nodulaire sans avoir Ă recourir systĂ©matiquement Ă lâabattage.
Mais pour les Ă©leveurs, le traumatisme est profond â et la confiance, Ă©branlĂ©e.
Reste à espérer que cette crise débouche sur un dialogue constructif entre le monde agricole et les instances sanitaires, afin de protéger à la fois la santé des animaux et la dignité de ceux qui les élÚvent.

