Grand Nord : les renards retrouvent la liberté, les ours polaires luttent pour la survie

Grand Nord les renards retrouvent la liberté, les ours polaires luttent pour la survie

Au nord du cercle polaire, là où la glace semble éternelle, la faune emblématique du Grand Nord vacille. Tandis que des renards arctiques retrouvent peu à peu la vie sauvage, les ours polaires, eux, voient leur monde fondre sous leurs pattes. Une expédition scientifique dans l’extrême nord de la Norvège tente de comprendre, soigner et, peut-être, préserver ce qu’il reste de leur royaume.

Une semaine au chevet de l’ours blanc

Sur la banquise de l’archipel du Svalbard, des scientifiques de l’Institut polaire norvégien mènent une mission cruciale : étudier de près les effets du réchauffement climatique sur les ours polaires. Pendant une semaine, ils traquent discrètement les silhouettes blanches, souvent mères et petits, pour réaliser des prélèvements sur leur graisse, leur fourrure, leur sang.

Récemment, une femelle et son petit ont été localisés, puis temporairement endormis pour permettre aux chercheurs de collecter des données. Cela fait maintenant plus de 40 ans que ce suivi est réalisé — un effort scientifique de long terme rare et essentiel.

« Ils passent beaucoup plus de temps sur la terre », explique Jon Aars, chef du programme Ours. « On voit clairement qu’ils mangent moins de phoques et de poissons, et plus de nourriture terrestre. »

Ce changement d’alimentation est un signal d’alarme : la banquise fond, les proies marines disparaissent. Or, sans glace, pas de chasse. Et sans chasse, pas de survie.

Le Grand Nord se réchauffe… quatre fois plus vite

Le réchauffement climatique frappe plus fort ici qu’ailleurs. La banquise arctique se réchauffe quatre fois plus vite que la moyenne mondiale. Résultat : des étendues de glace plus fines, qui fondent plus tôt au printemps, et se reforment plus tardivement à l’automne. Les ours polaires, dépendants de la glace pour traquer les phoques, se retrouvent de plus en plus isolés sur des terres sans ressources.

Cette pression pousse certains ours à s’approcher des zones habitées, ou à parcourir de longues distances, parfois épuisantes, pour tenter de survivre.

Des signes d’espoir : les renards arctiques réintroduits

Dans ce tableau glacial et fragile, il y a pourtant une lueur d’espoir. Le renard arctique, petit survivant discret de la toundra, commence à réinvestir son territoire. Grâce à des programmes de réintroduction et de protection en Norvège, plusieurs spécimens élevés en captivité ont pu être relâchés dans des zones sauvages.

Moins dépendant de la banquise que l’ours, le renard s’adapte mieux au changement. Mais il reste menacé par la compétition avec le renard roux, une espèce plus grande et plus agressive qui remonte vers le nord à mesure que les températures augmentent.

Protéger, comprendre, et surtout agir

L’expédition au chevet des ours blancs n’est pas qu’un acte scientifique. C’est aussi un cri d’alerte. Car protéger ces espèces, c’est aussi protéger un écosystème unique, vieux de milliers d’années, et aujourd’hui gravement perturbé.

La survie de l’ours polaire dépend désormais autant de la science que des décisions politiques et écologiques globales. Réduire notre impact, ralentir le changement climatique, limiter les émissions de gaz à effet de serre, voilà les véritables moyens de sauver les géants blancs de l’Arctique.


En résumé

Entre les renards arctiques qui reprennent timidement possession de leur monde, et les ours polaires contraints de réapprendre à survivre sans banquise, le Grand Nord est à la croisée des chemins. Le suivre de près, c’est garder un œil sur la santé de notre planète. Car ce qui se joue là-bas, au bout du monde, nous concerne tous.

05/06/2025 16 h 37 min

8 vues totales, 0 aujourd'hui