Le retour du géant : en Pologne, le bison d’Europe renaît dans la forêt de Białowieża

En Pologne, le bison d’Europe renaît dans la forêt de Białowieża

Il y a un siècle à peine, il ne restait plus rien du bison d’Europe dans la nature. Chassé, déplacé, abattu… ce colosse préhistorique semblait voué à l’extinction. Et pourtant, il est là. Massif, paisible, survivant. À l’orée de la forêt de Białowieża, en Pologne, le plus grand mammifère terrestre du continent évolue aujourd’hui à nouveau en liberté. Une renaissance aussi symbolique que précieuse.

Un fantôme du passé qui refait surface

Dans les années 1920, tout semblait terminé pour Bison bonasus, le bison d’Europe. Le dernier individu sauvage était abattu, ne laissant derrière lui qu’une poignée de spécimens en captivité. Grâce à un programme de réintroduction lancé dans les années 1950, l’espoir a peu à peu repris forme. Et c’est dans la forêt primaire de Białowieża, à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, que ce miracle de la conservation s’est accompli.

Aujourd’hui, près de 1 600 bisons vivent en liberté dans cet écrin de nature intacte, un chiffre inespéré pour une espèce qu’on croyait disparue. Plus de la moitié d’entre eux se trouvent côté polonais.

Un décor hors du temps

Rafal Kowalczyk, professeur à l’institut des mammifères de l’université des sciences de la vie de Varsovie, observe ces géants depuis des années. Il parle d’eux avec émotion :

« C’est spectaculaire ! J’aime les regarder dans la brume au lever du soleil. Parfois, cette brume est rouge ou orange. Il y a de la vapeur qui s’échappe d’eux parce qu’ils sont gros, ils produisent beaucoup de chaleur. »

Cette vision poétique ne doit pas faire oublier le rôle scientifique majeur que joue Białowieża : c’est la dernière forêt primaire d’Europe, jamais exploitée, intacte depuis la dernière glaciation, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Un sanctuaire vivant, rare, où la nature règne sans partage.

Une adaptation remarquable… mais fragile

Ironie de l’histoire : le bison d’Europe n’est pas un animal forestier à l’origine. Il préférait les milieux ouverts, les prairies, les lisières. Mais pour échapper à l’humain, il a dû se réfugier là où personne n’osait s’installer : la forêt dense, impénétrable.

Aujourd’hui encore, l’hiver reste une période critique. Lorsque la neige recouvre les sols et que l’herbe se fait rare, les bisons dépendent parfois des humains pour se nourrir. Pour les spécialistes comme Rafal Kowalczyk, l’objectif est clair :

« Nous devons les rendre complètement autonomes. Il leur faut un paysage en mosaïque, pas seulement des forêts, mais aussi des prairies, même en hiver. »

Un symbole de résilience

Le bison d’Europe est l’un des derniers témoins vivants de la mégafaune préhistorique. Là où les mammouths, les rhinocéros laineux et les cerfs géants ont disparu, lui a tenu bon. Grâce à l’engagement de scientifiques, de naturalistes et de passionnés, il foule à nouveau le sol européen.

Et chaque matin brumeux dans les clairières de Białowieża nous rappelle que la nature, si on lui en laisse la chance, sait renaître.


En résumé

Le bison d’Europe est bien plus qu’un animal : c’est une légende vivante. Il incarne à la fois la fragilité de la biodiversité et la puissance du vivant. Et dans une époque marquée par les bouleversements écologiques, son histoire est un rappel précieux : ce qui semble perdu peut parfois être sauvé.

05/06/2025 16 h 00 min

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