Depuis des décennies, l’idée que les dinosaures étaient déjà en perte de vitesse avant l’impact cataclysmique de l’astéroïde, il y a 66 millions d’années, est souvent avancée. Selon cette théorie, leur extinction aurait été le résultat d’un long déclin de la biodiversité, simplement accéléré par la catastrophe finale. Mais une nouvelle étude vient bouleverser cette vision des choses.
📉 Une chute de diversité… ou une illusion ?
Des paléontologues de l’University College de Londres (UCL) ont récemment réanalysé plus de 8 000 fossiles de dinosaures découverts en Amérique du Nord et datant des 18 derniers millions d’années du Crétacé. Leur conclusion est sans appel : le déclin apparent de la diversité des dinosaures ne reflète pas forcément une réalité biologique, mais plutôt un biais dans les archives fossiles.
🦕 Des fossiles de plus en plus rares, mais pas forcément moins de dinosaures
En se concentrant sur quatre grandes familles de dinosaures — ankylosauridés, cératopsidés, hadrosauridés et tyrannosauridés — les chercheurs ont constaté un pic de diversité vers -75 millions d’années, suivi d’une chute jusqu’à l’impact. Mais ils ont aussi remarqué que les conditions géologiques pour la fossilisation devenaient de plus en plus défavorables à mesure qu’on approchait de la fin du Crétacé.
Grâce à une méthode appelée modélisation d’occupation, empruntée à l’écologie, ils ont pris en compte des facteurs comme la géologie, le climat et la végétation pour estimer où vivaient les dinosaures, indépendamment des fossiles retrouvés. Résultat : les dinosaures occupaient toujours une superficie stable, mais leurs fossiles devenaient plus difficiles à trouver.
🌍 Une explication géologique au « déclin »
Plusieurs phénomènes naturels expliqueraient cette baisse de « visibilité fossile » :
- Soulèvements tectoniques qui modifient les terrains,
- Régression marine qui expose certaines zones et en enfouit d’autres,
- Enfouissement sous la végétation, rendant les fossiles moins accessibles.
Seule exception notable : les cératopsiens (comme le célèbre Triceratops), dont les fossiles sont plus fréquemment retrouvés dans les roches les plus récentes. Leur habitat, des plaines herbeuses loin des cours d’eau, aurait mieux résisté aux bouleversements géologiques.
❗ Et si les dinosaures avaient pu survivre ?
Pour Alessandro Chiarenza, co-auteur de l’étude publiée dans Current Biology, « si l’on prend le registre fossile au pied de la lettre, on pourrait croire que les dinosaures déclinaient déjà avant leur extinction. Mais notre analyse suggère que ce déclin apparent est en réalité un effet de fenêtre d’échantillonnage ».
En d’autres termes, sans l’impact de l’astéroïde, les dinosaures auraient très bien pu continuer leur règne sur Terre encore longtemps.
👉 À retenir :
- Le déclin des dinosaures avant l’astéroïde pourrait être un artefact du registre fossile, et non un véritable effondrement.
- Certains environnements fossilisent mieux que d’autres, faussant notre perception de la biodiversité passée.
- Les dinosaures, loin d’être condamnés, auraient pu survivre à l’ère post-Crétacé sans la catastrophe.