La pêche hivernale dans le golfe de Gascogne est une source de mortalité importante pour les dauphins, qui se retrouvent pris accidentellement dans les filets des navires. Pour protéger ces espèces menacées, le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative française, a ordonné en mars 2023 la fermeture de certaines zones de pêche pendant un mois, du 22 janvier au 20 février.
Toutefois, le gouvernement a prévu dans un projet d’arrêté de permettre des dérogations pour les navires équipés de dispositifs techniques actifs de réduction des captures accidentelles ou d’un système actif d’observation électronique à distance. Ces dispositifs sont censés éloigner les dauphins des filets grâce à des signaux acoustiques ou à des caméras sous-marines. Mais leur efficacité est contestée par les associations de défense de l’environnement, qui estiment qu’ils ne garantissent pas un état de conservation favorable des petits cétacés.
Le projet d’arrêté du gouvernement a donc suscité la colère des ONG, qui ont dénoncé une mesure contraire à la décision du Conseil d’État et à la réglementation européenne sur la protection des espèces protégées3. Selon elles, les dérogations accordées sont “trop importantes” pour permettre de réduire les captures accidentelles de dauphins, qui ont atteint un niveau alarmant ces dernières années. Elles demandent au gouvernement de renoncer à ce projet et de mettre en place des mesures plus efficaces pour préserver la biodiversité marine.
Les espèces de dauphins menacées
Il existe 38 espèces de dauphins, dont certaines vivent en eau douce et d’autres dans l’océan. Parmi elles, de plus en plus se voient menacées à plus d’un titre, et ont été ajoutées à la liste des espèces “en danger d’extinction” ou “en danger critique d’extinction” par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Voici quelques exemples d’espèces de dauphins menacées :
- Le dauphin de l’Irrawaddy (Orcaella brevirostris) : il vit dans les eaux côtières peu profondes et les grandes rivières d’Asie du Sud-Est et du nord de l’Australie. Sa population est estimée à environ 6 000 individus, dont 92 au Cambodge. Il est considéré comme “en danger” globalement, et “en danger critique d’extinction” au Cambodge.
- Le dauphin rose de l’Amazone (Inia geoffrensis) : il est le seul dauphin d’eau douce à pouvoir tourner la tête à 90 degrés, ce qui lui permet de se faufiler entre les branches immergées. Il est inscrit sur la liste rouge de l’UICN depuis 2018, et est répertorié comme « en danger d’extinction ».
- Le dauphin de Maui (Cephalorhynchus hectori maui) : il est le plus petit dauphin au monde, et ne se trouve que sur la côte ouest de l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande. Il ne reste qu’environ 60 individus de cette sous-espèce, qui est classée comme « en danger critique d’extinction ».
Les principaux dangers pour les dauphins
Les dauphins sont aussi exposés à de nombreuses menaces, principalement d’origine humaine.
- La pêche : les dauphins peuvent se retrouver pris accidentellement dans les filets des navires, ce qui les empêche de respirer et les noie. Certains sont aussi tués intentionnellement pour leur chair ou pour réduire la concurrence avec les pêcheurs.
- La pollution : les dauphins sont victimes des déchets plastiques qui polluent les océans et peuvent les blesser ou les étouffer. Ils sont aussi affectés par les produits chimiques et les hydrocarbures qui s’accumulent dans leur organisme et altèrent leur santé.
- Le bruit : les dauphins utilisent l’écholocation pour se repérer, communiquer et chasser. Or, les activités humaines comme le trafic maritime, l’exploration pétrolière ou les sonars militaires produisent des sons intenses qui perturbent les dauphins et peuvent les désorienter, les stresser ou les blesser.
- Le réchauffement climatique : les changements climatiques affectent les écosystèmes marins et modifient la distribution et la disponibilité des proies des dauphins. Ils peuvent aussi entraîner des maladies, des migrations forcées ou des conflits avec d’autres espèces.